daido moriyama

My photography is about desire. The internal world meets the outside world and takes shape. When [my] desire takes some kind of shape, it becomes a photograph.” – Daido Moriyama


Daido Moriyama est né en 1938 à Osaka (Japon).

« Plus connu pour sa vision des villes et de leurs signes, Daido Moriyama est aussi un photographe de nus. Le nu qui a parsemé son travail de manière sporadique mais qui est un passage important dans cette œuvre immense. Avec ses rares images, il a révolutionné un art où innover est difficile. Sa première série, datée de 1969, aborde le nu de manière inédite : une dizaine d’images, mal tirées, une femme sans visage et sans identité, sur un lit, les positions sont naturelles, sans fard ni pose, jambes écartées, cul en l’air, sous le drap ou la douche. Instantanés d’avant, pendant et après l’amour. (…)

A noter les titres [des séries montrées par la galerie Da-End en 2010], de purs chef d’oeuvres de poésie : Premonition of a Virgin, Invading Eyes, Seized the moment, On the bed, COMMEINMYHOUSE, Ballad of Violation. Quand on lui pose pourquoi ces titres, il répond d’une sentence sans appel : « dans la vie quotidienne il y a toujours des choses inquiétantes et un peu folles... » Ces images proviennent d’un travail de commande pour Playboy, l’édition japonaise. Une fois toutes les deux semaines le magazine publiait ses photos, alternativement, l’autre semaine, était consacrée à Kishin Shinoyama, célèbre figure de la photographie commerciale, qui se fera connaître par ses nus. Surtout ne pas voir en ces photographies un ralliement à la cause capitaliste, voire à la presse américaine. N’oublions pas que Moriyama est un révolutionnaire et à cette époque comme tout bon agitateur japonais, il n’a qu’une lutte, celle contre l’impérialisme américain.

Né en 1938, il a connu comme toute sa génération, le chaos des bombardements, les deux bombes nucléaires et la défaite de l’empire. Sa photographie est le médium de leur crise d’identité personnelle et collective. Cette société de l’après-guerre et sa course à la modernité a transformé les villes, mais aussi la mentalité japonaise et son goût pour l’ombre. Tout d’un coup la pudeur n’est plus une valeur morale : l’intimité des femmes s’exhibe à travers les images pornographiques de Playboy et s’affiche dans les rues. La télévision envahit l’espace familial, l’imagerie occidentale se développe dans les magazines et la publicité, venant heurter une civilisation jusqu’alors protectionniste et prude. Un choc de culture, l’avènement de la civilisation de l’image qui envahit les mentalités et notre vision de l’avenir. Précurseur. »

Patrick Rémy, Paris 2011


Daido Moriyama was born in 1938 in Osaka '(JP).

“Though better known for his vision of cities and their emblems, Daido Moriyama is also a photographer of nudes. The nude, which has sporadically appeared in his work, remains an important catalyst for the rest of his prodigious output. With these rare images, he has revolutionised an art where innovation is problematic. His first series dates from 1969 and presents the nude in an original context; a dozen images, poorly developed, a woman without a face or identity, on a bed, the positions are natural, without makeup or pose, legs spread, buttocks raised, under the sheets or in the shower. Moments before, during and after sex.

Noteworthy are the titles of the series [exhibited at the Gallery Da-End in 2010], pure masterpieces of poetry: Premonition of a Virgin, Invading Eyes, Seized the moment, On the bed, COMMEINMYHOUSE, Ballad of Violation. When one asks the artist to explain his titles, he replies with a simple sentence: « in every day life there is always something disturbing and slightly mad.....» These works were commissioned by Playboy Japan. Once every two weeks the magazine would publish his photos, alternating the other weeks with Kishin Shinoyama, the famous figure of commercial photography, who had been made famous by his nude photographs. Above all though, do not see these photographs as a rally cry to the capitalist cause or to the American press. Let us not forget that Moriyama is a revolutionary, and as with all good Japanese agitators during this period, his struggle is the one against American imperialism.

He was born in 1938, as with all his generation he encountered the chaos of bombardments; the two nuclear bombs and the defeat of the Empire. His photography is a manifestation of their personal and collective identity crisis. This post-war society and its race to modernity transformed cities, but also the mentality of the Japanese and their predilection for the shadow. Suddenly modesty is no longer a morale value: the intimacy of women is put on view in the pornographic images of Playboy and is displayed posted up in the streets. Television invades the family domain, occidental images appear in magazines and advertising, confronting a civilisation until then private and protectionist. A massive culture shock and the dawn of the age of images, which invade both our mentalities and our vision of the future. Forerunner.”

Patrick Rémy, Paris 2011


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