MYKOLA TOLMACHEV
SOLO SHOW
Du 15 avril au 13 mai 2023
Mykola Tolmachev est un aquarelliste délicat, paré de cette légère mélancolie propre à "l'Homme de génie"… (1) A vingt ans, il est venu étudier à l'École des Beaux Arts de Paris. Puis trois ans plus tard, en 2017, il est retourné vivre dans son pays en Ukraine. Le 24 février 2022 la Russie envahit l’Ukraine. L'artiste abandonne dès lors la transcription russe de son prénom Nikolay pour se faire appeler désormais Mykola. Il ne veut pas fuir sa patrie en feu. Continuer à dessiner à Kiev, la capitale régulièrement assaillie, est aussi une forme de résistance. La proposition d'organiser son exposition en ce mois d'avril 2023, tandis que l’Ukraine est encore en pleine guerre, avait avant tout pour but de maintenir un horizon dans les yeux de notre artiste. Malgré les assauts militaires, les coupures d'électricité, la froideur de l'hiver, celui-ci s'est mis au travail. Cette exposition personnelle est devenue l'occasion pour Tolmachev de dessiner ce qu'il ne peut décrire, ses émotions tendues à l’extrême et son impuissance face à ces événements tragiques.
Voici une série de 15 dessins où transparaissent, pour les plus attentifs, la fragilité et le désarroi d’une certaine jeunesse frappée par la guerre, avec l’art et le lyrisme pour seules armes. Déjà « dans l'âme du jeune artiste le conflit intérieur entre l’idéal ressenti et sa matérialisation est intense » (2). Mais cette fois la l'effroi et la colère sont parvenus à un tel point de paroxysme qu'ils inhibent sa créativité, alors Mykola Tolmachev doit se faire violence pour manipuler le tragique et continuer à s’exprimer avec son pinceau, tout en légèreté, du moins en apparence. Ces dessins sont les rescapés de dizaines d'autres qui ont été détruits compulsivement par leur auteur, car l'esprit en détresse se montre à bien des égards autodestructeur, en lutte permanente contre la main qui persiste à vouloir agir et dessiner avec patience et détermination. La perfection, la pureté de la jeunesse, la mélancolie même - thèmes si chers à notre artiste - semblent dans ces nouveaux dessins mises en péril par l'absurdité du monde. La beauté maudite de ses portraits est toujours présente mais désormais leurs visages nous tournent plus souvent le dos. Aussi la peau du rêveur n'est plus porcelaine et sensuelle comme autrefois, elle a cédé la place à la pâleur froide. La palette chromatique s’est en effet réduite pour l’essentiel aux pigments verts et rouges. Aujourd’hui, le monde de Tolmachev se décline en pétales de roses clouées au mur, en fruits moisis sous forme de lune, en petites douleurs persistantes et quasi imperceptibles… La douceur de l'aquarelle qui se répand sur un papier lourd et lisse perpétue sa vocation à atténuer le drame. C'est peut-être la terreur, mais le printemps revient éternellement.
(1) «L'homme de génie et la mélancolie» (Aristote?)
(2) Ileana Cornea, Artension, n°137
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Mykola Tolmachev is a delicate watercolorist, adorned with this slight melancholy proper to the "Man of Genius" ... At the age of twenty, he came to study at the École des Beaux Arts in Paris. Then, three years later, in 2017, he returned to Ukraine, his country of origin. On February 24, 2022 Russia invaded Ukraine. The artist then abandoned the Russian transcription of his first name Nikolay to be called Mykola. He does not want to flee his burning homeland. Continuing to draw in Kiev, the capital which is regularly under attack is also a way of resistance. The proposal to organize his exhibition in this month of April 2023, while Ukraine is still in the middle of a war, was above all to maintain a horizon in the eyes of our artist. Despite the military assaults, the power cuts, the cold winter, he sets off to work. This solo show became an opportunity for Tolmachev to draw what he cannot describe, his emotions stretched to the limit and his helplessness in the face of these tragic events.
Here is a series of 15 drawings where the fragility and disarray of a certain youth struck by a military invasion, with art and lyricism as their only weapons, shine through. Already "in the soul of the young artist the interior conflict between the felt ideal and its materialization is intense". But this time the fear and anger have reached their paroxysm and are paralyzing, so Mykola must force himself to manipulate the tragic with his brush, all in lightness, at least in appearance. These drawings are the ones rescued from dozens of others, which were compulsively destroyed by their author, because the distressed mind is in many ways self-destructive, in permanent struggle against the hand that persists in acting and drawing with patience and determination. Perfection, the purity of youth, even melancholy - themes so important to our artist - seem to be jeopardized in these new drawings by the absurdity of the world. The cursed beauty of his portraits is still present, but now their faces more often turn their backs to us. Also the skin of the dreamer is no longer porcelain and sensual as it used to be, it has been replaced by a cold pallor. The chromatic palette has indeed been reduced to green and red pigments. Today, Tolmachev's world is made up of rose petals nailed to the wall, moldy fruit in the shape of a moon, and small, persistent and almost imperceptible pains… The softness of the watercolor spreading on a heavy and smooth paper perpetuates its vocation to attenuate the drama. It may be terror, but spring returns eternally.
Documents
Catalogue des oeuvres / Artworks catalog (.pdf) (À venir / Coming soon)
Communiqué de presse / Press Release (.pdf) (À venir / Coming soon)